Newsclick asked Mireille Fanon-Mendès France for her response to the Paris attack, which has left 129 dead and more than 360 seriously wounded. Mireille Fanon-Mendes France is the president of the Frantz Fanon Foundation and the daughter of Frantz Fanon, and active on a variety of issues including the World Social Forum.
A Note from Paris
Mireille Fanon-Mendès France
The 11/13 acts in Paris have forced us to acknowledge two things. First, the way in which Western societies treat large numbers of youth who continue to suffer from a lack of institutionalized support of their needs and rights – a lack which leads them to an ideology that denies contact with Western culture, and has a strong link with violence. Second, we are forced to bring an objective eye to the foreign policy of some countries that have never stopped thinking of themselves as incontestable masters of the world.
The urgent question is to provide answers to social and economic policies that have chosen xenophobia, exclusion, stigmatization. The need of the hour is also to address foreign policies that have determined relations of domination among states, nations and peoples; justified domination on the basis of a hierarchy of race and culture on which capitalism, colonialism, imperialism and liberalism are built; and, as a consequence, given rise to violence. Those who dominate have refused to see that their power has begun to disintegrate with their inability to see or take into account the world with all cultures and peoples. Today, the old narrow white world, which can only work “against” not “with” the people of the world, is dying. It is dying, and breeding death, because of its refusal to look at the richness of a diverse world.
Attacks like the one in Paris occur as a kind of crazy response of a desperate fraction of people and communities suffocate under the rule of the old world order. Despairing of their voices being heard or given value, some young ultra-minorities, have found themselves drawn to a religious pseudo-ideology. This can lead them to commit the most heinous crimes, such as those of the Organization of the Islamic State in Iraq and Syria, or those of 13 November in Paris.
The alternative is not to try to prevent young radicalized people from reaching our shores. They are already there. It is to think differently about social relations; and to build international relations based on respect for the essential principles of the UN Charter. But will the French government respond in a way that it faces its social and political responsibilities? Nothing is more uncertain. Election time is not a good counsellor. Yet we need to wake up quickly and push for radical changes in the paradigm of domination. Only this move can take us toward a national unity based on a just peace and dignity.
Read the French original:
Ces actes effroyables forcent à regarder d’une part, la façon dont les sociétés occidentales traitent nombre de jeunes qui ne cessent d’être victimes d’un manque de considération institutionnalisée, ce qui les amène à se réfugier dans une idéologie qui rejette tout contact avec la culture occidentale et porte en elle la violence ; et, d’autre part, à porter un œil objectif sur la politique étrangère de certains pays qui n’ont jamais cessé de penser être les maîtres incontestables du monde.
La question urgente est d’apporter des réponses à des politiques sociales et économiques qui font le choix de la xénophobie, de l’exclusion, de la stigmatisation mais aussi à des politiques étrangères pensées au regard des politiques qui ont organisé, dans la violence, les rapports de domination entre États, nations et peuples. Justification de la domination en raison d’une hiérarchie des races et des cultures sur lequel le capitalisme, le colonialisme, l’impérialisme et le libéralisme se sont construits. Mais ceux qui dominent ont refusé de voir que leur pouvoir commence à se déliter, n’ayant pas su faire monde avec l’ensemble des cultures et des peuples. Cette domination a été incapable de construire « avec », elle l’a fait uniquement « contre ». Aujourd’hui, ce vieux monde, étroit, blanc, produit sa mort pour avoir refusé de regarder la richesse de sa diversité. Ce vieux monde se meurt.
Des attentats comme ceux qui se produisent dans nos pays sont une sorte de réponse folle apportée par une fraction désespérée des peuples et sociétés qui étouffent sous cette domination. Désespérant que leur voix soit écoutée et prise en considération, certains jeunes, ultraminoritaires, pensent trouver dans l’adhésion aveugle à une pseudo-idéologie religieuse mortifère une forme de réconfort. Ce qui peut les amener à commettre les crimes les plus abjects, comme ceux de l’Organisation de l’État islamique en Irak et en Syrie, ou ceux du 13 novembre à Paris.
L’alternative n’est pas d’essayer d’empêcher les jeunes radicalisés d’arriver jusque chez nous, ils y sont déjà. Elle est de penser différemment les rapports sociaux et de construire des relations internationales fondées sur le respect des principes essentiels de la Charte des Nations unies. Mais n’est-il pas déjà trop tard ? L’État français est face à ses responsabilités sociales et politiques. Saura-t-il y répondre ? Rien n’est moins sûr. Les époques électorales ne sont pas bonnes conseillères et sont souvent porteuses de choix mortifères. Pourtant, si nous ne voulons pas devenir zombis à notre tour, nous devons nous réveiller très vite et obtenir que change radicalement le paradigme de la domination et de la colonialité du pouvoir. C’est sur cette détermination que doit se construire l’unité nationale.